HISTOIRE DES FRÈRES MENNONITES
QUI SONT-ILS ET D’OÙ VIENNENT-ILS?
Il est normal, pour ceux qui entendent ce nom pour la première fois, de se questionner sur l’origine, l’identité et l’enseignement des Églises des frères mennonites. Dans le contexte québécois, on peut facilement comprendre qu’un mouvement nommé «frères mennonites» puisse éveiller une méfiance parmi les gens. Une brève présentation de ces Églises ainsi que de leurs enseignements s’avèrent donc nécessaires et dissipera quelques confusions.
LA RÉFORME PROTESTANTE
Pour connaître l’origine des Églises des frères mennonites, nous devons faire un bond de cinq siècles en arrière et retourner à la Réforme protestante. Au XVIe siècle, les grands réformateurs Martin Luther, Jean Calvin et Ulrich Zwingli revendiquent un retour aux enseignements du Nouveau Testament. Ces réformateurs sont à l’origine de ce qu’on appelle la Réforme protestante.
Au sein de cette Réforme apparaît, à Zurich en Suisse, le mouvement anabaptiste, au tout début des années 1520. Conrad Grebel, Félix Mantz, Georges Blaurock et quelques autres intellectuels sont à l’origine de ce mouvement. Les anabaptistes sont un groupe de chrétiens qui désirent une réforme plus poussée de l’Église. Ils prônent la séparation de l’Église d’avec l’État, désirant ainsi s’émanciper du pouvoir civil en matière de foi et de pratique religieuse, et le baptême sur confession de foi par opposition au baptême des enfants. Ils rebaptisent donc leurs adhérents, ce qui amène leurs opposants à les appeler «anabaptistes», qui signifie «rebaptiseurs».
Cette réforme plus poussée amène les catholiques et les autres protestants à les persécuter. Ainsi débute, en 1525, une longue période de clandestinité. Les anabaptistes quittent la ville de Zurich et s’installent dans la campagne. Cette émigration des anabaptistes de Suisse permet au mouvement de s’étendre partout en Europe, mais la répression est forte et le mouvement en vient donc à être désorganisé et à presque s’éteindre. Menno Simons Un prêtre catholique hollandais nommé Menno Simons est inconfortable avec certaines pratiques religieuses de son Église. En étudiant le Nouveau Testament et quelques écrits de Martin Luther, il devient convaincu que certains enseignements de son Église ne sont pas conformes à l’enseignement de la Bible. En 1536, il quitte finalement l’Église catholique pour s’identifier avec les anabaptistes et s’efforce de restructurer le mouvement.
Durant 18 années, Menno Simons est persécuté et doit se cacher dans différents refuges. Toutefois, jusqu’à sa mort, il continue d’enseigner, d’écrire et d’organiser des Églises anabaptistes. Le mouvement vient à prendre le nom de «mennonites» et distingue les paisibles disciples de Menno Simons des autres fanatiques révolutionnaires qui étaient associés aux anabaptistes.
LE RENOUVEAU SPIRITUEL DE 1860
Vers 1540, la persécution aux Pays-Bas amène des mennonites à fuir pour se rendre d’abord en Prusse puis, en 1786, en Russie où ils peuvent jouir d’une certaine liberté religieuse. Toutefois, après plusieurs années en territoire russe, un déclin spirituel s’amorce à cause d’une isolation culturelle et religieuse, de même qu’à cause de l’absence de vision et d’engagement missionnaires.
C’est dans ce contexte, en 1860, que l’Église des frères mennonites apparaît suite à un réveil religieux au sein des mennonites. Sous l’influence de certains prédicateurs, dont Edouard Wuest, pasteur luthérien, des mennonites expérimentent un renouveau spirituel et donnent naissance à l’Église des frères mennonites.
Entre 1874 et 1880, des mennonites et des frères mennonites émigrent en Amérique du Nord à cause de certaines politiques gouvernementales russes diminuant la liberté religieuse, abrogeant, par exemple, l’exemption du service militaire pour les mennonites. Aujourd’hui, l’Église des frères mennonites apparaît non seulement en Amérique du Nord, mais aussi en Afrique, en Amérique du Sud, en Europe et en Asie.
LES FRÈRES MENNONITES AU QUÉBEC
Dans les années 1950, des missionnaires de langue anglaise viennent au Québec pour apprendre le français dans le but de servir au Zaïre. En 1960, suite à la révolution au Zaïre, la plupart de ces missionnaires sont invités à commencer une œuvre évangélique au Québec. C’est alors que la Conférence Canadienne des Églises des frères mennonites envoie au Québec son premier missionnaire dans le but d’implanter et de démarrer dans la province une œuvre des frères mennonites.
Ainsi, Ernest et Lydia Dyck s’installent à St-Jérôme en 1961 où, malgré une certaine opposition, ils implantent une communauté frères mennonites. Cette Église s’est multipliée au point que nous avons aujourd’hui plusieurs Églises locales formant, depuis 1984, l’Association des Églises des frères mennonites du Québec.
Église chrétienne évangélique de Sainte-Rose
Église chrétienne évangélique de Sainte-Thérèse
Église chrétienne évangélique de Saint-Jérôme ( La Clairière)
Église chrétienne évangélique de Saint-Laurent
Église chrétienne évangélique de Saint-Eustache
Église chrétienne évangélique khmère de Saint-Laurent
Église chrétienne évangélique de Terrebonne-les-moulins (L’Intersection)
The Westside Gathering
City Church
Après cinq siècles d’histoire et cinquante années de proclamation et de service au Québec, les frères mennonites désirent continuer d’être des témoins de l’Évangile de Jésus-Christ dans le monde d’aujourd’hui.
“Voici ma seule joie et le seul désir de mon cœur: étendre le Royaume de Dieu, révéler la vérité, réprouver le péché, prêcher la justice, nourrir par la Parole du Seigneur les âmes affamées, conduire les brebis égarées sur le bon chemin et gagner beaucoup d’âmes au Seigneur par son Esprit, sa puissance et sa grâce. C’est de cette manière que je veux dans ma faiblesse revêtir, comme il me l’a enseigné, celui qui m’a racheté par son sang répandu, moi un misérable pécheur, celui qui m’a donné cette disposition d’esprit par l’Évangile de sa grâce, à savoir Jésus-Christ.”
— Menno Simons 1496 – 1561
© 2011
Rédaction: Stéphane Rhéaume, pasteur de l’église chrétienne de St-Eustache
LES VALEURS ANABAPTISTES
LA ROYAUTÉ DE DIEU
Nous croyons que l’Évangile est beaucoup plus qu’un salut personnel. Il s’agit de l’Évangile du Royaume de Dieu, qui est bien plus que le règne de Dieu dans le cœur d’une personne, mais aussi le règne de Dieu dans l’Église, dans la société, dans l’univers spirituel et dans toute la création. Nous prions pour que ce règne vienne et que la volonté de Dieu soit faite sur la terre comme au ciel.
LA FIDÉLITÉ À JÉSUS
Nous croyons que la vie chrétienne consiste principalement en une démonstration de fidélité et d’obéissance aux paroles de Jésus dans la vie quotidienne. Le Seigneur ne nous invite pas à rechercher une vie remplie d’expériences spirituelles ou mystiques ni de sensations fortes ou de miraculeux, mais bien plutôt à vivre conformément à sa volonté révélée dans les Écritures.
L’ÉCOUTE DU SAINT-ESPRIT
Nous croyons que l’œuvre du Saint-Esprit est de glorifier Jésus-Christ dans l’Église et dans le monde en amenant toute personne à la foi en Christ, en l’instruisant dans la Parole de Dieu, en reproduisant en elle le caractère de Christ et en l’équipant pour le service chrétien. Nous croyons que son action au sein de la communauté se manifeste autant par la présence de ses fruits que de ses dons et qu’il est important de rechercher sa plénitude pour servir le Seigneur avec efficacité et avec puissance.
LE RESPECT DE LA PAROLE DE DIEU
Nous croyons que la Bible est inspirée de Dieu, infaillible en matière de foi et qu’elle a une pleine autorité sur la vie des croyants. Nous croyons que le caractère divin et humain de la Bible nous amène à faire la distinction entre le message de l’Évangile et le récipient culturel dans lequel il a été transmis. Nous cherchons d’abord à comprendre le sens original d’un texte pour mieux le transposer ensuite dans la société actuelle.
LA RECHERCHE DE LA PAIX
Nous croyons qu’au cœur de l’évangile se trouve la recherche de la paix avec Dieu, soi-même, les autres et la nature. Le maintien de la paix et de l’unité est essentiel pour favoriser la cause du Seigneur. Par conséquent, nous cherchons à maintenir l’harmonie de notre propre assemblée, croyant que de bonnes relations axées sur l’amour et l’entraide sont des manifestations privilégiées de l’Esprit de Dieu.
LA COLLÉGIALITÉ DANS L’ÉGLISE
Nous croyons que la vie chrétienne n’est pas une marche en solitaire mais une marche communautaire avec ceux qui partagent la foi dans le Christ. Nous croyons que les chrétiens sont appelés à s’engager dans l’église premièrement par le baptême, mais aussi en devenant membre de l’église, afin de participer à la prise de décision collégiale.
LE TÉMOIGNAGE DES CHRÉTIENS
Nous croyons que la mission de l’Église unit évangélisation et œuvres de bienfaisance. Ces deux éléments sont des fins en soi, l’un n’est pas un moyen pour arriver à l’autre. Aussi, les deux ont leur propre but et leurs propres méthodes. L’évangélisation a pour but la conversion à Jésus-Christ alors que les œuvres de bienfaisance cherchent à soulager la souffrance humaine.
LE SACERDOCE UNIVERSEL
Nous croyons que chaque croyant est un ministre de l’Évangile et que le service chrétien s’accomplit dans son milieu de vie. Par conséquent tout service envers Christ déborde du cadre de l’Église et se fait aussi dans le monde, au foyer et sur le marché du travail. Chaque croyant sert Dieu là où il est. Là est sa mission, son champ d’activité.
LA DISCIPLINE D’ÉGLISE
Nous croyons que le saint nom de Jésus-Christ et le caractère sacré de l’Évangile nous poussent à pratiquer la discipline ecclésiastique afin de sauvegarder la santé spirituelle et la réputation de l’Église. Elle doit toutefois être caractérisée par la compassion et la grâce car notre désir est de restaurer la personne le plus rapidement possible dans sa communion avec le Seigneur et la congrégation.
TRANSFORMATION DE LA CULTURE
Nous croyons que nous devons accueillir les éléments recommandables de la culture québécoise mais tout en cherchant à l’imprégner des valeurs de l’Évangile là où elle est répréhensible. Nous ne voulons pas présenter un Dieu qui condamne la culture, mais un Seigneur et un Sauveur qui peut transformer la culture, la rendre plus proche des valeurs de l’Évangile.
“Mais dans toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur. ”
— La Bible - Romains 8:37-39 - Version Louis Segond